C’était écrit, c’était inévitable, c’était long et c’est une claque, une réussite…
Orelsan vient de sortir son troisième album solo ce vendredi 20 octobre 2017 intitulé La Fête est finie. Avec ce projet Orelsan marque comme il le dit lui-même « la fin du début de sa carrière ». Rien sortir (en solo) pendant six ans et nous dévoiler un projet aussi complet et réussi ça ne peut être fait que par un génie comme Orelsan.
Pas besoin de le présenter tant il a marqué depuis ces dix dernières années la planète Hip-Hop.
Son album est un retour aux basiques, à tout ce qu’on aime chez lui et dans la musique depuis quelques années. En effet l’album d’Orelsan nous replonge par moment dans ses années du début avec beaucoup de chansons décalées, des thèmes qui nous rappellent l’Orelsan de Perdu d’Avance ou celui de Le chant des sirènes. Cependant il nous étonne énormément sur les prods utilisées qui sont très variées. D’ailleurs merci à Skread car c’était très osé.
Bien plus relaxé que dans Le chant des sirènes, le personnage de Raelsan et celui de l’ado attardé de Perdu d’Avance ont évolué et semble être totalement libéré. À trente-cinq ans Orelsan a mûri, on le ressent dans ses textes, il n’a plus rien à prouver.
J’ai très envie de vous parler des quatorze chansons, de les détailler couplets par couplets tant chaque chanson est unique mais je vais vous parler un peu des thèmes qui ressortent le plus dans cet album. Bien évidemment le rapport avec les relations amoureuses mais surtout les femmes est très présent, les soirées et la fête en général également. De plus l’on retrouve de nombreuses questions sur la vie, sur sa carrière et la célébrité.
Les exemples les plus marquants dans l’évolution de ses textes se retrouvent dans les chansons Dans ma Ville ou La pluie où il nous déclare tout l’amour qu’il a pour sa campagne natale. Changement réel car il avait plus l’habitude de nous raconter ses galères à Caen. La seconde me ferait même aimer la pluie du Nord c’est vous dire.
En tout cas il avait énormément de choses à nous dire en témoigne les chansons comme San, Quant est ce que ça s’arrête ou bien Note pour trop tard qui est mon énorme coup de cœur et dont je vous parlerai un peu plus loin.
La chanson Tout va bien est une réelle claque, Orel nous raconte tout ce que l’on pourra raconter à un enfant qui se pose des questions sur ce monde, terrible prise de conscience sur les problèmes de société et sur notre façon de les cacher aux yeux des plus jeunes ou tout simplement pour ne pas voir la réalité.
Il commence l’album avec San et finis avec Notes pour trop tard, ces deux musiques apparaissent comme un miroir l’une face à l’autre. Commencé de manière nostalgique, cet album finit avec une touche de pureté, une merveille auditive qui est Note pour trop Tard. Cette chanson est un monologue qu’il aimerait dire à l’Orelsan plus jeune, toutes les notes de la vie qui l’auraient aidés à devenir celui du futur. J’ai beaucoup d’affection pour les couplets uniques, mais l’instrumental très douce et les voix des jumelles Ibeyi font de cette chanson la plus belle de l’album.
Cette chanson s’adresse à Orelsan jeune certes mais également à nous tous, ados ou bien jeunes adultes. Elle apparaît comme une notice à la vie.
J’aimerai vous mettre des liens vers certaines des chansons mais comme il n’a sorti que Basique sur YouTube, le mieux reste de se procurer l’album.
Ensuite passons aux featurings qui sont très importants dans ce projet, Orelsan sait s’entourer des bons artistes et il le montre une nouvelle fois. Certes on ne retrouve pas son compère de toujours, Gringe mais l’apparition de Stromae et de Maître Gims rajoute un énorme cachet à l’album.
Voir Maître Gims dans la Track List m’avait énormément surpris, je me demandais bien ce que cette collaboration pouvait donner. Et bien c’est génial, la chanson Christophe qui parle du racisme de la vielle France et critique d’une forte belle manière les propos tenus sur le rap comme une « musique de noir ». Le featuring que tout le monde attendait était bien évidemment celui avec Nekfeu, d’ailleurs Zone devait sortir sur l’album surprise de Nekfeu Cyborg. Etant assez fan des deux artistes je m’attendais à la collaboration du siècle.
Cependant c’est certainement parce que je l’ai trop attendu que je suis resté sur ma faim. J’ai tant de fois imaginé cette collaboration entre les deux, j’aurai adoré par exemple que Orelsan fasse du Nekfeu et Nekfeu fasse du Orelsan.
Maintenant j’aimerai vous faire part d’un souci que j’ai avec cet album en l’occurrence avec la sortie de Basique sur Youtube (lienci-dessous https://www.youtube.com/watch?v=2bjk26RwjyU ) je ne m’attendais pas à trouver ce Orelsan là.
Je suis content de voir qu’il ose et qu’il mûrit mais je m’attendais à bien plus venant de lui. On a attendu six ans pour retrouver un album solo et je me demande si c’est assez ? Et ce que cet album est suffisant ? Je veux dire par là que si c’était son dernier album comme il le dit « dernier volet de la trilogie » dans San est ce qu’on serait pleinement satisfait ? Il manque quelque chose pour moi, un gros quelque chose. J’adore cet album, c’est une réussite, niveau musicalité il n’y a rien à redire. Cependant il me manque ces ou cette chanson qui fait/font que ce projet je vais autant l’écouter que ceux d’avant. Six ans c’est long, il a beaucoup changé dans sa façon de faire de la musique en témoigne ces deux derniers projets signé Les Casseurs Flowters. L’idée est la même que la collaboration avec Nekfeu, six ans d’attente c’est bien trop long.
Dans ces projets précédents on avait Jimmy Punchline, Différent, Suicide social ou bien encore Ils sont Cools. Je ne vous dis pas que je cherchais des hits dans l’album , mais simplement des chansons où Orelsan faisait du Orelsan à l’ancienne où il rappait. J’en reviens un peu à ce que je disais dans ma première Kronik sur Disiz, sauf que Orelsan nous avait quelque peu « prévenu ».
Depuis ces projets avec Gringe, je suis conscient que l’on a du mal à identifier Orelsan comme un rappeur, il ne rap plus ou presque plus et ses instrumental sont bien plus rythmés qu’autrefois c’est pourquoi cela dérange de le classer comme un rappeur, surtout vu comment le rap a évolué avec tous ces nouveaux artistes.
Mais avec un artiste comme Orelsan le rap s’inscrit bel et bien dans la musique française n’en déplaise à ceux qui voient dans le rap une « sous cuture ». Cette « sous culture » arrive au premier plan dans la musique française.
Orelsan dans son style reste inimitable et est l’un des premiers qui a permis cette évolution du Rap ou les artistes peuvent chanter sans être décrié. Son troisième album solo reste une très grande réussite, rempli d’une musicalité très forte avec des thèmes et des prods variées. Sa créativité débordante font que pendant près de cinquante minutes Orelsan marque son grand retour à la compétition (terme qu’il déteste par ailleurs)
Il est assez difficile pour moi d’être objectif tant Orelsan est un de mes artistes préféré si ce n’est mon préféré d’ailleurs (pour vous dire un peu à quel point j’aime cet artiste, en classe de troisième j’avais préparé un dossier complet sur lui en histoire de l’art, heureusement que je ne suis pas tombé sur ça…) J’ai essayé de prendre le plus de recul possible et de ne pas publier mon article dès la sortie de l’album. C’est un plaisir d’écouter Orelsan une nouvelle fois et si on doit encore attendre six ans pour le réécouter alors j’attendrais avec joie et impatience, maintenant voyons ce qu’il va nous produire comme show le 13 mars au Zénith de Lille.
Degreve Benjamin