Lire ceci avant : Nekfeu – Les Etoiles Vagabondes partie 2

C’est à la quasi surprise générale que Nekfeu a annoncé vendredi 21 juin, jour de la fête de la musique la sortie d’un nouvel album ou du moins le complément de son album appelé Expansion. Il s’agit de 16 nouveaux titres qui complètent à merveille les 18 premiers. Il ne faut donc pas prendre cette suite comme un album à part-entière mais bien comme un complément du premier.
Eh oui, il faut croire en la théorie du double album. A l’annonce de la sortie d’Expansion, tout devient logique, il ne pouvait pas nous laisser avec l’album sorti une semaine plus tôt, deux ans pour faire un film et 18 titres ça paraissaient suspect.
Pour ceux qui ont acheté la version physique de l’album on peut très bien voir que des trous ont été placés à différents endroits, comme pour laisser la place à d’autres morceaux.


A contre-pied
En écoutant Expansion je me suis demandé s’il n’avait pas lu mon article car pour finir tout ce que je lui reproche dans la première partie est totalement injustifié avec Expansion. Il a pris tout le monde à contre-pied.
On se retrouve avec un album de 34 chansons, rien que ça, autant dire que ces deux dernières années Nekfeu est loin d’avoir chômé. Grâce à ça on peut voir que le rappeur prend plus de risque au niveau du flow et des instrumentales mais surtout qu’une vraie histoire se dégage.
Plus de risque
En tout cas l’album est clairement plus varié, avec 34 chansons, heureusement. Ce que j’avais entre autres reproché à l’album c’est le côté répétitif. Il posait son flow sur une instru et puis c’était tout. Ce côté répétitif est minoré grâce aux différentes utilisations d’instruments comme de la guitare, du piano, et une note un peu plus jazz comme sur les morceaux Dernier Soupir et Rouge à Lèvres. Inspiration Nouvelle-Orléans.
En mélangeant les styles Nekfeu réussit son pari de produire un album plus diversifié en donnant une nouvelle touche musicale à ce qu’il a déjà pu faire. On retrouve plus de variété dans différentes chansons comme Ken Kaneki, Ecrire et Natsukashii, il chante sur des mélodies beaucoup plus calmes et très plaisantes. Il reste dans son registre la plupart du temps mais réussit à varier sur une dizaine de morceaux, c’est déjà pas mal. On va s’en contenter.
Une histoire
Cette histoire d’amour dont il nous fait part dans tout l’album est le fil rouge de l’album. En commençant par ses difficultés comme dans Elle Pleut et Dans l’Univers, cette histoire d’amour finit bien ou du moins tente de bien finir avec les morceaux Dernier Soupir, Rouge à lèvres, De mes Cendres, Nouvel Homme mais surtout Chanson d’amour. Particularité de ces trois dernières chansons ça finit bien. Particularité de l’album ça parle beaucoup (trop ?) d’amour.
En suivant le fil rouge de cette histoire on peut voir tout ce que Nekfeu fait à côté pour se vider l’esprit, il est avec ses potes, voyages, fait du cinéma mais tout ce qu’il fait, le ramène vers cette histoire. Mais qui peut bien être cette fille ? Et que s’est-il passé ? On m’a envoyé un thread Twitter qui mentionnait le nom de Karidja Touré. En tout cas si c’est elle, elle est à l’origine de plusieurs dizaines de chansons d’amour, qui fait mieux ?
Les transitions font aussi de cet album une véritable histoire, on en retrouve tout au long des trente-quatre morceaux, ils font office de connecteurs logique et c’est très difficile de l’écouter en aléatoire pour apprécier l’album.
On en retrouve donc entre Tokotsubo et Menteur Menteur, Le bruit qui court, Elle Pleut et Dans l’Univers, Premiers pas et Derniers Soupirs. A noter que le titre Premiers Pas et Derniers Soupirs est un clin d’œil avec le refrain du premier.
Mais également l’Interlude et Compte les Hommes et Pixels et De mes Cendres. Pour les connaisseurs, l’instrumental dans la chanson De mes cendres est la même que le morceau Sentiments issu de l’album Nuit de Jazzy Bazz.
Tout ce travail autour de la conception donne une vraie couleur au projet.
Quelque chose que j’apprécie particulièrement dans les albums ce sont les Interludes. Dans Interlude Fifty, Nekfeu parle de Sneazzy, cependant les deux sont en froid. Ils ne font plus leurs promos l’un et l’autre, Sneazzy a même unfollow Nekfeu sur Instagram. Ça fait très presse people tout ça je sais, mais pour moi qui suis un fan de la première heure des deux rappeurs je suis curieux de savoir ce qui a bien pu se passer.
Trop de morceaux ?
On peut penser que 34 morceaux c’est beaucoup, trop lourd et trop long. De plus pour écouter l’album et l’apprécier totalement il est conseillé de prendre le projet dans son ensemble. Pourtant cela reste cohérant, le niveau est toujours élevé et les deux heures passent très rapidement.
Dans chaque projet des chansons passent à la trappe, ne rentrent pas dans la postérité tandis que d’autres vont marquer bien plus la discographie de l’artiste. Il y en a évidemment dans l’album qui seront passées, moins écoutées parce que 34 c’est beaucoup. C’est pourquoi l’intervalle entre partie 1 et 2 de l’album est importante, deux semaines pour assimiler ou presque tout assimiler permet d’apprécier le projet sans le trouver trop long.
J’aimerais revenir sur des chansons qui m’ont particulièrement plu, le morceau Jeux Vidéos et Débats qui peut se lire par « je vis des hauts et des bas » est un morceau où il prend position et critique notre société par le biais d’une voix féminine qui réalise les ponts. Frissons.
Le seul clip (pour l’instant) du projet intervient sur le titre Sous les Nuages. En passant le clip qui ressemble bien trop aux choses qu’il a déjà faites, ce morceau est un peu tout ce que j’attendais de lui. Sous les Nuages est pour moi l’un des sons qui représente le plus le rappeur parisien et me fait penser au morceau du S-Crew Fausse Note. Tout ce que j’aime.

Pour finir, les deux plus beaux morceaux de l’album, Rouge à Lèvres et Chanson d’amour, pour une fois qu’une chanson d’amour écrite par Nekfeu finit bien c’était à signaler. Et puis ce timbre de voix du rappeur de Chicago sur le morceau Rouge à Lèvres est exceptionnel.
(J’avais annoncé dans mon article précèdent un futur morceau avec un rappeur américain, je vais commencer à croire que j’ai des visions.)
Son meilleur album ?
Expansion est une excellente chose, il complète à merveille et fait taire toutes les critiques, moi le premier sur son manque d’originalité. Ces trente quatre morceaux demandent des semaines d’analyses tant le projet est rempli de subtilités et mérite d’être décortiqué de A à Z. C’est ce genre de projet qui inspire les futurs artistes j’en suis sûr.
Après la réussite du film, la première partie d’un album avec des sons magnifiques et très rap où Nekfeu impose à tous sa signature et son style, la petite chose qui manquait est ajoutée grâce à Expansion.
Je n’ai jamais été aussi content de me tromper, il m’a pris à contre-pied, j’aurai dû croire à la théorie du double album comme le disait Diaby sur Twitter. Cet album fait de Nekfeu un artiste complet et montre qu’il peut varier même après deux albums.
Est-ce son meilleur album ? Pour moi cela ne fait aucun doute. Pour l’effet de surprise, pour la communication autour du projet, pour la plus-value du film mais surtout pour ces 34 morceaux qui représentent plus de deux ans de travail acharné. Ce projet représente Nekfeu parfaitement, celui des premières années, celui d’aujourd’hui, cet artiste qui nous fait bouger la tête, vibrer mais également frissonner. Ce projet c’est Ken Samaras.
J’ai maintenant hâte de le retrouver sur scène, de le voir retourner les salles de concerts et les festivals avec, pourquoi pas, à la clef une très grosse date. (Un stade de France svp)
Benjamin Degreve
ton article est vraiment impec ça fait super plaisir de voir des fans qui s’y connaissent aussi 🙂
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